Commentaires

Le type de commentaire que l'on exprime à propos d'un évènement ou d'un texte (politique, juridique, scientifique ...) manifeste la capacité (ou non) de se situer soi-même à distance de l'évènement ou du texte, distance par laquelle on réussit aussi bien à "poser" une interprétation qu'à interpréter sa propre position.

Un commentaire n'a d'intérêt que s'il évite de clore l'interprétation.

L'évidence de cette affirmation se heurte pourtant à une autre évidence, qui est celle de la résistance à l'interprétation : cette résistance témoigne d'un "désir de commentaire" qui s'apparente souvent à celui du "comment taire"...

Envisager par exemple le texte de cet enseignement sous le seul point de vue du thème ("Vibrations et Propagation") qu'il développe serait un contresens : une façon de "taire" d'autres niveaux d'interprétation (par exemple: le contexte, le prétexte , la méthode ...) pourtant indispensables pour comprendre y compris le texte lui-même, pour adopter une stratégie personnelle permettant de s'y retrouver... et pour fonder à son propos les critiques aux différents niveaux où il peut les mériter.

Le contexte : il s'agit d'un enseignement de fin de Premier Cycle, de durée assez limitée. Certaines questions abordées ici sont réputées difficiles, et seront fort heureusement reprises dans des enseignements ultérieurs.

Mais alors se pose la question de l'utilité de les traiter ici... en particulier pour les adeptes du Noir-ou-Blanc, qui s'imaginent que les choses ne se comprennent toujours qu'en bloc, et du premier coup.

Le prétexte (le point de vue annoncé en introduction) : il faut y voir une sorte de pari... qui évidemment présente le risque d'être perdu et qui, bien pire encore, ne saurait en aucun cas être définitivement gagné ! Les "Yaquaïstes" considéreront qu'il n'y a qu'à simplifier, aller droit au but, suivre une démarche linéaire, déductive, rigoureuse, et ensuite y-a-qu'à comprendre...

A ces questions et à bien d'autres encore qu'il convient de poser, la seule réponse possible est une mise en garde contre la tentation d'une réponse trop hâtive... Ce qui importe avant tout, est la nécessité de prendre en compte la complexité de la réalité qui est en jeu. Complexité dont chacun peut avoir des représentations diverses, contradictoires, où les tentatives de simplification ne sont qu'un leurre quant à l'objectif de compréhension.

Plutôt qu'une argumentation, je vous propose maintenant une relecture : l'élaboration de représentations et d'interprétations est un chantier, une construction personnelle, qui ne se réalise pas sans méthode ni "matériaux".

La relecture proposée fait partie de la méthode (que l'on pourrait appeler "progressive-régressive") : il ne s'agit pas d'un simple retour "au point de départ", puisque l'état actuel n'est plus celui du départ... du moins espérons-le.

Mais d'un recodage de l'information, que l'on peut illustrer sur quelques exemples.

En ce qui concerne par exemple la question de l'énergie d'une onde électromagnétique, le retour au cas de la corde vibrante apporte une information de plus que celle du premier parcours : on comprend ainsi à cette occasion, que dans la variété des manifestations et des phénomènes peut apparaître une unité d'interprétation.

Dans le cas d'ondes stationnaires, il est question :

  • de la conservation de l'énergie totale (mécanique ou électromagnétique) moyenne (moyenne aussi bien dans le temps, que sur l'espace)...

  • de la traduction de ce mode de vibrations en terme d'oscillations entre 2 formes d'énergie "différentes" : entre énergies électrique et magnétique d'une part, entre énergies cinétique et potentielle d'autre part. Oscillation qui se traduit commodément par l'oscillation du "vecteur de Poynting".

Dans le cas de la propagation d'une onde électromagnétique ce même vecteur pourra représenter le flux d'énergie qui se propage avec l'onde.... Propagation d'énergie qui accompagne aussi la propagation d'une vibration mécanique dans un milieu matériel...

Il est question, autrement dit, de repérer aussi bien ce qui fait la spécificité de divers phénomènes, que de repérer entre eux analogies et homologies, autrement dit des "ressemblances" redevables d'un type de structure commun.

En ce qui concerne ce vecteur de Poynting, on a choisi de l'introduire non pas formellement (par sa définition), mais par une discussion énergétique (du type : calculons l'énergie pour amener un élément de charge depuis l'infini) destinée à l'ancrer sur une réalité physique.

De même, la décomposition en série de Fourier est introduite "naturellement" par la recherche des modes propres de vibration d'un système simple que l'on sait résoudre. Quitte ensuite à reformuler cette première présentation (fonctions de base de l'espace de représentation), et à l'étendre (par passage à la limite) à celle de la Transformation de Fourier.

L'approche choisie permet d'établir des liens entre différents formalismes et de montrer que le type d'information qu'apporte (ou occulte) un niveau de modélisation se comprend finalement par le recours à un changement de niveau.

Préparez-vous encore à d'autres formalismes et autres changements de niveaux...

Variété des formalismes, variété des espaces de représentation à propos desquels il est intéressant de montrer leur adéquation (ou non) aux situations dont ils sont censés donner une traduction : quel niveau de décodage d'une réalité opère dans une théorie, quels liens éventuels peut-on voir entre différents niveaux, quels niveaux de réduction opèrent dans différents modèles d'une réalité.

Autre question, enfin, qui est de savoir de quel point de vue une formulation est "meilleure" qu'une autre : la dernière formulation proposée n'est jamais définitivement "la meilleure", elle est simplement une étape dans un processus de compréhension. Processus dont l'intérêt est d'une part de proposer à un moment donné une représentation éventuellement plus fine, ou plus large.

Mais dont l'intérêt est surtout d'aider à formuler de nouvelles questions, plutôt que de clore le questionnement...

Il ne s'agit là que de quelques indications qui ne sont pas à prendre comme le "mot de la fin" sur "la bonne stratégie" : ce serait une grossière erreur d'interprétation ... que vous ne commettrez sûrement pas! Car le point de vue rappelé dans ce commentaire (et illustré par la démarche de cet enseignement) est au contraire une tentative de prise en compte de la réalité, et de sa compréhension par une "poursuite" des liens entre différents niveaux.

Ce point de vue (qui n'est pas nouveau) fonde la méthode d'exposition choisie pour cet enseignement.

Le tableau de synthèse vous aidera à faire le point...

L'intelligence d'une situation, d'un évènement ou d'un texte (politique, juridique, scientifique ...) ne saurait se réduire à l'application de quelques techniques, méthodes, ou théories, et encore moins à l'énoncé de quelque recette.

Il faut y mettre quelque passion plus quelques autres vertus, et jouer ce jeu de l'interprétation dont on est sûr qu'il n'a pas de fin ... mais qu'il sera peut être le seul garant contre la perte du sens.

A vos commentaires !!!