Dominance apicale

La construction harmonieuse d'une plante implique des interactions parfaitement coordonnées entre ses différentes parties.

Ces corrélations, qui peuvent être de nature trophique ou hormonale, permettent de régler qualitativement et quantitativement le développement d'un organe par rapport à ses voisins.

Le résultat de ces interactions provoque l'établissement d'un port caractéristique qui nous permet souvent de reconnaître une espèce par sa simple silhouette. Il est possible de modifier la géométrie d'une plante en modifiant certains de ses équilibres hormonaux.

A l'aide de deux expériences, voyons comment les interactions hormonales permettent de régler le développement relatif des bourgeons axillaires et du bourgeon terminal.

Mise en évidence

Chez la plupart des plantes, les bourgeons axillaires situés juste sous le bourgeon apical ne se développent pas. Le bourgeon apical se développe rapidement vers le haut et les premières ramifications ne se réalisent sous ce bourgeon qu'à une certaine distance. La section du bourgeon apical provoque le développement immédiat des bourgeons axillaires situés en dessous de lui. Tout se passe comme si, en fonctionnement normal, le bourgeon terminal exerçait une action inhibitrice sur les bourgeons axillaires situés en dessous de lui. Ce phénomène est appelé la dominance apicale.

Fig. 05 : Les bourgeons non développés sont schématisés par des cercles bruns ; les bourgeons en développement normal par des flèches brunes ; les bourgeons qui se développent au cours de l'expérience par des flèches rouges.

Action de l'auxine

Comme on sait depuis 1940 que l'auxine joue un rôle sur de nombreux processus de croissance et de développement, l'effet de cette substance a été essayé sur ce phénomène.

Effectivement, de l'auxine appliquée sur la tige sectionnée au niveau d'un bourgeon apical évite le développement des bourgeons axillaires, et donc maintient la dominance apicale exercée par le bourgeon apical.

A partir de cette expérience, on peut déduire que le bourgeon apical exerce sa dominance par l'intermédiaire de l'auxine. Le bourgeon terminal secrète de l'auxine. Celle-ci circule vers le bas et inhibe le développement des bourgeons axillaires. La concentration d'auxine diminuant progressivement, l'inhibition s'exerce seulement sur une partie plus ou moins grande de la tige, variable selon les plantes.

Action des cytokinines

Une deuxième classe d'hormones, les cytokinines, découvertes vers 1950 s'est avérée antagoniste de l'auxine dans la régulation de certains processus physiologiques.

Des cytokinines appliquées sur un bourgeon axillaire, normalement inhibé par la dominance apicale, provoquent son développement.

Conséquences sur le port des plantes

C'est donc, plus que la concentration absolue en chacune des deux hormones, le rapport cytokinines / auxines qui semble régler le développement des bourgeons axillaires.

Ce rapport varie selon le niveau de la tige et selon les caractéristiques spécifiques de la réponse des plantes. Ainsi, les lieux de développement et d'inhibition des bourgeons peuvent être plus ou moins étendus.

Ces corrélations entre bourgeons permettent aux plantes de réaliser des ports différents. Ceci est bien visible chez les plantes herbacées. Ces corrélations deviennent très complexes chez les arbres, chez lesquels il faut compter avec l'évolution dans le temps.

Fig. 06 : Différents ports réalisés selon le développement relatif des bourgeons axillaires