Passages à la limite

On a vu que la période \(T_1\) du fondamental de la série de Fourier d'une fonction périodique est égale à la période \(T\) de la fonction périodique.

  • la pulsation \(\omega_1\) du fondamental est : \(\omega_1 = \frac{2 \pi}{T_1} = \frac{2 \pi}{T}\)

  • la pulsation \(\omega_n\) du terme de rang \(n\) dans la série est : \(\omega_n = n.\omega_1\) .

Considérons une suite de fonctions périodiques dont la période tend vers l'infini.

Dans ces conditions :

  • la pulsation \(\omega_1\) du fondamental de la série tend vers zéro : \(\omega_1 \rightarrow 0\)

  • l'écart en pulsation \(\delta \omega = \omega_{n+1} - \omega_n\) entre 2 termes de rangs successifs tend lui aussi vers zéro, puisque \(\omega_{n+1} - \omega_n = \omega_1\) .

A la limite lorsque \(\omega_1 \rightarrow 0\), toutes les valeurs de \(\omega\) deviennent possibles : le spectre de la fonction n'est donc plus un spectre discret, mais un spectre continu.

Pour fixer les idées, considérons par exemple la suite des fonctions du temps \(F_s\) carrés, paires, périodiques, dissymétriques, représentées dans la simulation ci-dessous.

Sur une période \(T\) :

  • \(F_s(t)\) est non-nulle seulement pendant la durée \(t\),

  • \(F_s(t) = 0\) pendant la durée \(T-t\).

Supposons que la période \(T\) des fonctions \(F_s\) tende vers l'infini de sorte que la durée \(t\) reste constante. Le passage à la limite \(T \rightarrow \infty\) est donc obtenu en faisant tendre le rapport cyclique vers \(0\) : \(\frac{\tau}{T} \rightarrow 0\)

On montre que les coefficients de Fourier d'une fonction carré dissymétrique sont du type :

\(A_n = \frac{4 . \tau}{T} . \frac{\sin U_n}{U_n} ~~~~~~\) avec \(~~ U_n = n \frac{\pi . \tau}{T}\)

Dans ces conditions, lorsque \(\omega_1 \rightarrow 0\) :

  • les termes du spectre sont de plus en plus resserrés sur l'enveloppe en \(\frac{\sin U}{U}\)

  • à la limite \(T = \infty\) , il faudrait "attendre un temps infini" avant qu'une autre impulsion carré semblable à la première réapparaisse.

Spectre de cette Fonction Carré Périodique Symétrique Paire

Fonction Carré Périodique Symétrique en fonction du temps
Simulation : Passage à la limite Série-Transformée de Fourier

Analyse de la simulation.

  • vérifiez que dans le cas d'un rapport cyclique \(k = \frac{1}{2}\) , l'expression du spectre trouvée dans le cas du carré dissymétrique redonne bien les résultats du cas particulier du carré symétrique.

  • vérifiez que les harmoniques de rang \(n\) multiple de \(\Big( \frac{\tau}{T} \Big)\) sont tous nuls.

  • notez que l'amplitude des termes de Fourier est définie par :

    \(\displaystyle{A_n = \frac{4 . \tau}{T} . \frac{\sin U_n}{U_n} ~~~~~~}\) donc \(~~ A_n \rightarrow 0\) lorsque \(\frac{\tau}{T} \rightarrow 0\)

  • notez que :

    \(\displaystyle{\frac{A_n}{\omega_1} = \frac{4 . \tau}{T} . \frac{\sin U_n}{U_n} . \frac{T}{2 . \pi} = \frac{2 . \tau}{\pi} . \frac{\sin U_n}{U_n} ~ \rightarrow ~ \frac{2 . \tau}{\pi} . \frac{\sin U}{U} ~~}\) quand \(\omega_1 \rightarrow 0\)

Pour cette raison, on est amené à considérer la limite des rapports \(\frac{A_n}{\omega_1}\) qui représentent la densité d'amplitude à la valeur \(\omega = \omega_n\).

(L'appellation de densité d'amplitude se justifie de la même façon que toute autre densité. Par exemple, une charge \(\mathrm{d}q\) divisée par la surface \(\mathrm{d}S\) qui la porte représente la densité \(s\) de charge sur l'élément \(\mathrm{d}S\) considéré).

  • le Spectre Discret devient un Spectre Continu, représenté par le passage à la limite du rapport \(\frac{A_n}{\omega_1}\) si cette limite existe (quand \(\omega_1 \rightarrow 0\)).

  • la somme sur les valeurs discrètes de la pulsation (\(\omega_n = n.\omega_1\)) devient alors une intégrale sur la variable continue \(\omega\) (Transformée de Fourier de la Fonction).

Ce passage à la limite permet de comprendre la représentation en fréquences des fonctions non-périodiques à partir de la représentation en fréquences des fonctions périodiques :

Méthode

Soit une fonction \(F\), non-périodique,

  • à support borné (nulle à l'infini),

  • possédant un nombre fini de discontinuités entre \(- \infty\) et \(+ \infty\)

  • de module carré sommable de \(- \infty\) à \(+ \infty\)

Cette fonction peut être considérée comme une fonction périodique, de "période infinie", i.e. dont les valeurs non-nulles se reproduiraient en ajoutant l'infini à la variable.

Une telle fonction \(F(t)\) sera représentée par le spectre continu \(f(\omega)\) défini par la transformée de Fourier de la fonction \(F\).

Ce passage à la limite est explicité sur le tableau de synthèse en fin de chapitre.

Après avoir défini la transformée de Fourier d'une fonction \(F\) à support borné, on pourra également considérer un autre passage à la limite qui permettra, cette fois-ci, de construire la série de Fourier d'une fonction périodique (§ C2.c).