Caractérisation géométrique

Théorème

Soit une application d'un intervalle \mathcal I dans \mathbf R ; l'application f est convexe si et seulement si l'ensemble \mathcal E_f est convexe

On représente une fonction f convexe sur l'intervalle [a,b] et son épigraphe.

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Preuve

On utilise le fait qu'un point d'un segment est barycentre à coefficients positifs des extrémités du segment.

Condition nécessaire

On suppose f convexe. Soient P_1(x_1,y_1) et P_2(x_2,y_2) deux points de E_f on a f(x_1)\le y_1 et f(x_2)\le y_2. Si P(x,y) est un point du segment [P_1,P_2], alors il existe un réel \lambda\in[0,1] tel que : x=\lambda x_1+(1-\lambda)x_2,y=\lambda y_1+(1-\lambda)y_2.

On a donc : y\ge\lambda f(x_1)+(1-\lambda)f(x_2).

L’hypothèse de convexité entraîne alors : \lambda f(x_1)+(1-\lambda)f(x_2)\ge f(\lambda x_1+(1-\lambda)x_2)=f(x),

d’où y\ge f(x) et le point P appartient à E_f.

Condition suffisante

On suppose que E_f est convexe, ainsi, si M_1(x_1,f(x_1)) et M_2(x_2,f(x_2)) sont des points de C_f , ils appartiennent à E_f et le segment [M_1,M_2] est inclus dans E_f.

Soit \lambda\in[0,1], alors le point P(\lambda x_1+(1-\lambda)x_2,\lambda f(x_1)+(1-\lambda)f(x_2)) appartient au segment [M_1,M_2] et donc à E_f, d’où :

f(\lambda x_1+(1-\lambda)x_2)\le\lambda f(x_1)+(1-\lambda)f(x_2).

Application : Inégalité de Jensen

Soient f une fonction convexe sur \mathcal I, x_1, x_2\cdots x_n\quad n points de \mathcal I et \lambda,\lambda_2,\cdots,\lambda_n,\quad n réels strictement positifs tels que \displaystyle{\sum_{i=1}^{n}\lambda_i=1}. On a alors :

\displaystyle{f\left(\sum_{i=1}^{n}\lambda_ix_i\right)\leq\sum_{i=1}^{n}\lambda_if(x_i)}

Preuve

On fait un raisonnement par récurrence sur n.

La propriété est vraie pour n = 1 et n = 2. Supposons la propriété vraie pour un rang n\ge2.

Soient x_1, x_2 …x_{n+1} n + 1 points de I et \lambda_1,\lambda_2,...,\lambda_{n+1} n + 1 réels strictement positifs tels que \displaystyle{\sum_{i=1}^{n+1}}\lambda_i=1.

On définit y par l’égalité : \left(\displaystyle{\sum_{i=1}^{n}}\lambda_i\right)y=\displaystyle{\sum_{i=1}^{n}}\lambda_ix_i, on pose \mu=\displaystyle{\sum_{i=1}^{n}}\lambda_i. On a alors : f\left(\displaystyle{\sum_{i=1}^{n+1}}\lambda_ix_i\right)=f(\mu y+\lambda_{n+1}x_{n+1})\le\mu f(y)+\lambda_{n+1}f(x_{n+1})

en raison de la propriété à l’ordre 2 ; d’autre part , d’après l’hypothèse de récurrence, f(y)=f\left(\displaystyle{\sum_{i=1}^{n}}\frac{\lambda_i}\mu x_i\right)\le\displaystyle{\sum_{i=1}^{n}}\frac{\lambda_i}\mu f(x_i).

On obtient donc f\left(\displaystyle{\sum_{i=1}^{n+1}}\lambda_ix_i\right)\le\displaystyle{\sum_{i=1}^{n+1}}\lambda_if(x_i).

Remarque

Pour établir la récurrence, il suffit de vérifier que la propriété est vraie au départ pour n = 1, mais dans le passage du rang n au rang n+1, on utilise le fait que la propriété est vraie pour n = 2.