Description des idéaux de K[X]
On a déjà vu que l'ensemble des multiples d'un polynôme \(P\) est un idéal de \(K[X]\). Comme dans l'anneau \(Z\), on va démontrer la réciproque.
Théorème : Caractérisation des idéaux de K[X]
Pour tout idéal \(I\) de \(K[X]\), il existe un polynôme \(P\) tel que \(I\) soit égal à l'ensemble des multiples de \(P\). Ce qui peut s'écrire :
\(I=PK[X]=\{Q\in K[X]; \exists Q_1\in K[X],Q=PQ_1\}\)
On dit que \(I\) est engendré par \(P\). Si \(I\) n'est pas réduit au polynôme nul, \(P\) est non nul. Si, de plus, on impose à \(P\) d'être unitaire, il est unique.
Remarque :
La notation \(PK[X]\) est cohérente avec la notation \(nZ\) (ensemble des multiples dans \(Z\) de l'entier \(n\)).
Complément : Vocabulaire
Un idéal engendré par un élément est appelé un idéal principal. Il résulte du théorème que tous les idéaux de \(K[X]\) sont principaux. On a le même résultat pour \(Z\).
Un anneau intègre dont tous les idéaux sont principaux est appelé un anneau principal. Donc, \(K[X]\) et \(Z\) sont des anneaux principaux.
Démonstration : du théorème
Premier cas : Le résultat est immédiat si \(I=\{0\}\), il suffit de prendre \(P=0\).
Deuxième cas : Soit \(I\) un idéal de \(K[X]\) non réduit au polynôme nul.
Existence d'un polynôme P satisfaisant au problème :
Soit E l'ensemble des degrés des polynômes non nuls, éléments de \(I\), c'est-à-dire l'ensemble des entiers \(n\) tels qu'il existe \(P\in I\), non nul, avec \(deg(P)=n\). Comme l'idéal \(I\) n'est pas réduit à 0, \(E\) est une partie non vide de \(N\), donc possède \(un plus petit élément soit\) \(n_0\). On a donc les deux propriétés :
\(\forall P\in I\), \(P\neq 0\), \(deg P\geq n_0\)
\(\exists P_0\in I\), \(n_0= deg(P_0)\)
Soit \(P\) un élément quelconque de \(I\). En faisant la division euclidienne de \(P\) par \(P_0\), on obtient :
\(\exists!(Q,R)\in(K[X])^2\), \(P=QP_0+R\), avec \(R=0\) ou \(deg(R)<n_0\)
Comme \(I\) est un idéal de \(K[X]\), \(QP_0\) est un élément de \(I\) ( \(P_0\in I\) et \(Q\in K[X]\)) et par conséquent le polynôme \(R=P-QP_0\) est aussi élément de \(I\).
Si \(R\neq 0\), d'après la définition de \(n_0\), on a l'inégalité : \(deg(R)\geq n_0\).
On a donc une contradiction, puisque d'après la propriété de la division euclidienne on a \(deg(R)<n_0\).
L'hypothèse \(R\neq 0\) est donc absurde et on a \(R=0\).
Alors \(P=QP_0\). Ceci prouve l'inclusion \(I \subset P_0K[X]\).
L'autre inclusion est immédiate, car appartient à I.
Remarque :
Le rôle joué par la division euclidienne dans cette démonstration est fondamental ; il en était de même pour \(Z\).
Unicité :
Soit \(P_1\) un autre polynôme tel que \(I=P_1K[X]\). Alors \(P_1K[X]=PK[X]\).
D'après le corollaire vu dans le paragraphe précédent, il existe \(\lambda \in K^*\) tel que \(P=\lambda P_1\).
D'autre part si \(P\) est tel que \(I=PK[X]\), pour toute constante \(c\neq 0\),\(c\in K\), le polynôme \(cP=P_1\) engendre \(I\) (i.e. \(I=P_1K[X]\)).
Tous les polynômes \(P\) tels que \(I=PK[X]\) s'obtiennent donc les uns à partir des autres par multiplication par une constante non nulle ; donc s'ils sont unitaires, ils sont égaux.
On en déduit immédiatement l'existence et l'unicité d'un polynôme unitaire engendrant un idéal non réduit à 0.