Application linéaire de carré nul

Partie

Question

Soient \(E\) un \(\mathbb R\textrm{-espace}\) vectoriel et \(f\) un endomorphisme de \(E\) (c'est-à-dire une application linéaire de \(E\) dans \(E\)).

Démontrer l'équivalence entre les propositions \((P)\) et \((Q)\) suivantes :

\((P) : f^2=0\)

\((Q) : \textrm{Im}(f)\subset\textrm{Ker}(f)\)

(On rappelle que \(f^2=f\circ f\) et que \(0\) désigne l'endomorphisme nul).

Solution détaillée

Pour montrer l'équivalence entre les deux propositions

\((P) : f^2=0\) et

\((Q) : \textrm{Im}(f)\subset \textrm{Ker}(f)\),

on montre que \((P)\) est une condition nécessaire pour avoir \((Q)\), \((Q)\Rightarrow (P)\),

puis qu'elle est suffisante, \((Q)\Rightarrow (P)\).

Pour montrer que \((P)\) est une condition nécessaire pour avoir \((Q)\), on suppose que \(\textrm{Im}(f)\subset \textrm{Ker}(f)\), et on montre que \(f^2=0\):

Soit \(v\) un vecteur de \(E\), appartient à \(\textrm{Im}(f)\), donc à \(\textrm{Ker}(f)\), donc \(f(f(v))=f^2(v)=0\);

ceci est vrai pour tout vecteur de \(E\), on a bien \(f^2=0\).

Réciproquement, on montre que \((P)\) est une condition suffisante pour avoir \((Q)\).

On suppose que \(f^2=0\), on montre que \(\textrm{Im}(f)\subset\textrm{Ker}(f)\):

Soit \(y\) un vecteur de \(\textrm{Im}(f)\), il existe donc un vecteur \(x\) de \(E\) tel que \(y=f(x)\).

Calculons \(f(y)\): on a \(f(y)=f^2(x)\).

Or \(f^2=0\), donc \(f^2(x)=0\), d'où \(f(y)=0\).

Donc \(y\) appartient à \(\textrm{Ker}(f)\). On a bien \(\textrm{Im}\subset\textrm{Ker}(f)\).

Question

Soient \(E\) un \(\mathbb R\textrm{-espace}\) vectoriel de dimension \(3\) et \(f\) un endomorphisme non nul de \(E\) tel que \(f^2=0\).

  • Déterminer la dimension de \(\textrm{Ker}(f)\).

Aide simple

Penser au théorème du rang : \(\dim \textrm{Im}(f)+\dim \textrm{Ker}(f)=\dim E\), et se servir de la question \(1.\)

Solution détaillée

L'hypothèse \(f^2=0\) entraîne l'inclusion \(\textrm{Im}\subset \textrm{Ker}(f)\), et donc l'inégalité \(\dim \textrm{Im}(f) \le \dim \textrm{Ker}(f)\).

En ajoutant \(\dim \textrm{Ker}(f)\) aux deux membres de cette inégalité, et en utilisant le théorème du rang,

(\(\dim \textrm{Im}(f)+\dim \textrm{Ker}(f)=\dim E\)), on obtient : \(\dim E \le 2 \dim \textrm{Ker}(f)\).

Comme la dimension de \(E\) est \(3\), on en déduit l'inégalité : \(\dim \textrm{Ker}(f)\ge 2\).

Les seules possibilités pour \(\dim \textrm{Ker}(f)\) sont alors \(2\) ou \(3\).

Si cette dimension était \(3\), cela signifierait que le noyau de \(f\) serait \(E\), c'est-à-dire que \(f\) serait nul, ce qui est contraire aux hypothèses.

Donc on a \(\dim \textrm{Ker}(f)=2\).

Question

Soient \(E\) un \(\mathbb R\textrm{-espace}\) vectoriel de dimension \(3\) et \(f\) un endomorphisme non nul de \(E\) tel que \(f^2=0\).

  • En déduire l'existence d'une base \((v_1,v_2,v_3)\) de \(E\) telle que \(f(v_1)=v_2, f(v_2)=0, f(v_3)=0\)

    (\(0\) désigne ici le vecteur nul de \(E\)).

Aide simple

Justifier l'existence d'un vecteur de \(E\) n'appartenant pas à \(\textrm{Ker}(f)\).

Utiliser le théorème de la base incomplète.

Solution détaillée

Comme \(f\) n'est pas nul, il existe un vecteur de \(E\), noté \(v_1\), dont l'image par \(f\) n'est pas nulle.

Soit \(v_2=f(v_1)\), alors \(f(v_2)=f^2(v_1)\), et comme \(f^2=0\), \(f(v_2)=0\).

Le vecteur \(v_2\) est donc un élément non nul de \(\textrm{Ker}(f)\).

Puisque \(\textrm{Ker}(f)\) est de dimension \(2\), d'après le théorème de la base incomplète,

il existe un vecteur \(v_3\) de \(\textrm{Ker}(f)\) tel que \((v_2,v_3)\) soit une base de \(\textrm{Ker}(f)\).

La famille \(\{v_1,v_2,v_3\}\) est telle que \(f(v_1)=v_2, f(v_2)=0, f(v_3)=0\).

Elle vérifie une des conditions demandées. Démontrons qu'elle détermine une base de \(E\).

Comme la dimension de \(E\) est \(3\), il suffit de démontrer qu'elle est libre.

Soient donc \(\alpha, \beta,\) et \(\gamma\) des réels tels que \(\alpha v_1+ \beta v_2+ \gamma v_3=0\). En appliquant \(f\) à cette égalité, et en se servant de la linéarité de \(f\), on obtient : .

\(\alpha f(v_1)+ \beta f(v_2)+ \gamma f(v_3)=0\)

Or \(f(v_1)\neq 0\) et \(f(v_2)=f(v_3)=0\), donc \(\alpha=0\).

L'égalité \(\alpha v_1+ \beta v_2+ \gamma v_3=0\) devient \(\beta v_2+ \gamma v_3=0\), et comme \((v_2,v_3)\) est une base de \(\textrm{Ker}(f)\), la famille \(\{v_2,v_3\}\) est libre donc \(\beta=\gamma=0\).

Donc il existe bien une base \((v_1,v_2,v_3)\) de \(E\) telle que \(f(v_1)=v_2, f(v_2)=0, f(v_3)=0\).

Question

Soient \(n\) un entier, \(E\) un \(\mathbb R\textrm{-espace}\) vectoriel de dimension \(2n\) et \(f\) un endomorphisme de \(E\) vérifiant les deux conditions suivantes :

\(i.\) \(f^2=0\)

\(ii.\) il existe une famille \(\{a_1,a_2,...,a_n\}\) de \(n\) vecteurs telle que la famille \(\{f(a_1),f(a_2),...,f(a_n)\}\) soit libre

  • Démontrer l'égalité : \(\textrm{Im}(f)=\textrm{Ker}(f)\).

Aide simple

Chercher la dimension de \(\textrm{Im}(f)\).

Aide méthodologique

Lorsqu'on est dans un espace vectoriel de type fini, pour montrer que deux sous-espaces vectoriels sont égaux, il est souvent plus simple de démontrer que l'un est contenu dans l'autre et qu'ils ont même dimension, plutôt que de démontrer les deux inclusions. C'est le cas ici.

Solution détaillée

L'hypothèse \(f^2=0\) entraîne l'inclusion \(\textrm{Im}(f)\subset \textrm{Ker}(f)\).

L'inclusion \(\textrm{Im}(f) \subset \textrm{Ker}(f)\) entraîne l'inégalité \(\dim \textrm{Im}(f) \le \dim \textrm{Ker}(f)\).

En ajoutant \(\dim \textrm{Im}(f)\) aux deux membres de cette inégalité, et en utilisant le théorème du rang

(\(\dim \textrm{Im}(f) + \dim \textrm{Ker}(f)= \dim E\)), on obtient : \(2\dim \textrm{Im}(f) \le \dim E\), donc \(\dim \textrm{Im}(f) \le n\) \((*)\).

Or d'après les hypothèses, la famille \(\{f(a_1),f(a_2),..., f(a_n)\}\) est libre ;

de plus elle est contenue dans \(\textrm{Im}(f)\), or la dimension d'un sous-espace est égale au nombre d'éléments d'une base, laquelle est une partie libre maximale.

Donc \(\dim \textrm{Im}(f)\ge n\) \((**)\).

Les inégalités \((*)\) et \((**)\) entraînent \(\dim \textrm{Im}(f)=n\).

On déduit alors du théorème du rang : \(\dim \textrm{Ker}(f)=n\).

On a donc \(\textrm{Im}(f)\subset\textrm{Ker}(f)\) et \(\dim \textrm{Im}(f)=\dim \textrm{Ker}(f)\), donc \(\textrm{Im}(f)=\textrm{Ker}(f)\).

Remarque

Nous avons montré de plus dans cette question que \(\dim\textrm{Im}(f)=n\),

et comme la famille \(\{f(a_1), f(a_2),..., f(a_n)\}\) est libre, on en déduit qu'elle détermine une base de \(\textrm{Im}(f)\).

Donc \(\textrm{Im}(f)=\textrm{Ker}(f)=\textrm{Vect}(\{f(a_1),f(a_2),...,f(a_n)\})\).

Question

Soient \(n\) un entier, \(E\) un \(\mathbb R\textrm{-espace}\) vectoriel de dimension \(2n\) et \(f\) un endomorphisme de \(E\) vérifiant les deux conditions suivantes :

\(i.\) \(f^2=0\)

\(ii.\) il existe une famille \(\{a_1,a_2,...,a_n\}\) de \(n\) vecteurs telle que la famille \(\{f(a_1),f(a_2),...,f(a_n)\}\) soit libre

  • Montrer que l'on a : \(E=\textrm{Ker}(f) \oplus \textrm{Vect}(\{a_1,a_2,...,a_n\})\).

Aide simple

Montrer que la famille \(\{a_1,a_2,...,a_n\}\) est libre.

Utiliser des arguments de dimension, après avoir démontré que la somme est directe.

Aide méthodologique

On montrera que la somme \(\textrm{Ker}(f)+\textrm{Vect}(\{a_1,a_2,...,a_n\})\) est directe et que la dimension

de \(\textrm{Vect}(\{a_1,a_2,...,a_n\})\) est \(n\), pour en déduire que \(\dim(\textrm{Ker}(f)+\textrm{Vect}(\{a_1,a_2,...,a_n\}))=2n\),

ce qui entraînera l'égalité demandée.

Solution détaillée

On montre que \(\textrm{Ker}(f)\cap\textrm{Vect}(\{a_1,a_2,...,a_n\})=\{0\}\):

soit \(x\) un vecteur de \(\textrm{Ker}(f)\cap\textrm{Vect}(\{a_1,a_2,...,a_n\})\),

\(\exists (\alpha_1,\alpha_2,...,\alpha_n)\in \mathbb R^n, x=\alpha_1a_1+\alpha_2a_2+...+\alpha_na_n\) et \(f(x)=0\)

donc \(f(\alpha_1a_1+\alpha_2a_2+...+\alpha_na_n)=0\),

donc \(\alpha_1f(a_1)+\alpha_2f(a_2)+...+\alpha_nf(a_n)=0\) puisque \(f\) est linéaire,

donc \(\alpha_1=\alpha_2=...=\alpha_n=0\) puisque que la famille \(\{f(a_1),f(a_2),...,f(a_n)\}\) est libre, donc \(x=0\).

Donc \(\textrm{Ker}(f)+\textrm{Vect}(\{a_1,a_2,...,a_n\})=\textrm{Ker}(f) \oplus \textrm{Vect}(\{a_1,a_2,...,a_n\})\).

Pour montrer que la dimension de \(\textrm{Vect}(\{a_1,a_2,...,a_n\})\) est \(n\), il suffit de démontrer que

la famille \(\{a_1,a_2,...,a_n\}\) est libre :

soient \(\alpha_1, \alpha_2,..., \alpha_n\) des réels tels que \(\alpha_1a_1+\alpha_2a_2+...+\alpha_n a_n=0\). En appliquant \(f\) à cette égalité et en se servant de la linéarité de \(f\), on obtient : \(\alpha_1f(a_1)+\alpha_2f(a_2)+...+\alpha_n f(a_n)=0\),

donc \(\alpha_1=\alpha_2=...=\alpha_n=0\) puisque que la famille \(\{f(a_1),f(a_2),...,f(a_n)\}\) est libre.

Donc la dimension de \(\textrm{Vect}(\{a_1,a_2,...,a_n\})\) est \(n\), ce qui entraîne :

\(\dim (\textrm{Ker}(f) \oplus \textrm{Vect}(\{a_1,a_2,...,a_n\}))=2n\).

Comme \(\dim E=2n\), on en déduit : \(E= \textrm{Ker}(f) \oplus \textrm{Vect}(\{a_1,a_2,...,a_n\})\)

Remarque

d'après la remarque du \(3.1\), on peut écrire ce résultat sous la forme :

\(E=\textrm{Vect}(\{f(a_1), f(a_2),...,f(a_n)\})\oplus \textrm{Vect}(\{a_1,a_2,...,a_n\})\).

Question

Soient \(n\) un entier, \(E\) un \(\mathbb R\textrm{-espace}\) vectoriel de dimension \(2n\), et soit \((e_1,e_2,...,e_{2n})\) une base de \(E\).

Construire un endomorphisme \(f\) de \(E\) tel que \(\textrm{Im}(f)=\textrm{Ker}(f)\).

Aide simple

Il suffit de choisir les images des vecteurs de la base, après avoir déterminé la dimension de \(\textrm{Im}(f)\).

Aide méthodologique

Un endomorphisme d'un espace vectoriel de type fini est entièrement déterminé par les images des vecteurs d'une base de cet espace.

Donc il suffit de construire les images \(f(e_1), f(e_2),..., f(e_{2n})\).

On veut \(\textrm{Im}(f)=\textrm{Ker}(f)\); une condition nécessaire pour avoir cette égalité est, à cause du théorème du rang, \(\dim \textrm{Im}(f)=n\).

En choisissant \(f(e_1),f(e_2),...,f(e_n)\) de telle sorte qu'ils forment une famille libre,

on aura \(\textrm{Im}(f)=\textrm{Vect}(\{f(e_1),f(e_2),..., f(e_n)\})\).

Solution détaillée

Voici une solution :

Soit \(f\) l'endomorphisme de \(E\) défini par :

\(f(e_1)=e_{n+1}, f(e_2)=e_{n+2}, ..., f(e_n)=e_{2n}\), \(f(e_{n+1})=f(e_{n+2})=...=f(e_{2n})=0\)

(soit pour tout entier \(p\) compris entre \(1\) et \(n\) : \(f(e_p)=e_{n+p}\), et pour tout entier \(p\) compris entre \(n+1\) et \(2n\), \(f(e_p)=0\))

Vérifions que cet endomorphisme \(f\) convient :

on voit de suite que \(\textrm{Im}(f)=\textrm{Vect}(\{e_{n+1}, e_{n+2},..., e_{2n}\})\), donc sa dimension est \(n\).

De plus les vecteurs \(e_{n+1}, e_{n+2},..., e_{2n}\) sont contenus dans \(\textrm{Ker}(f)\), donc \(\textrm{Im}(f)\subset \textrm{Ker}(f)\), et comme les dimensions de \(\textrm{Im}(f)\) et \(\textrm{Ker}(f)\) sont égales (à cause du théorème du rang), on a bien \(\textrm{Im}(f)=\textrm{Ker}(f)\).

Question

On considère l'endomorphisme de \(\mathbb R^4\) défini par :

\(f :(x,y,z,t) \mapsto (2x+4y,-x-2y, -z-t,z+t)\)

  1. Déterminer une base de \(\textrm{Im}(f)\).

  2. Montrer que \(\textrm{Im}(f)=\textrm{Ker}(f)\).

  3. Montrer que \(f\) vérifie les conditions \((i.)\) et \((ii.)\) de la partie \(C.\), en explicitant la famille \(\{a_1,a_2,...,a_n\}\).

  4. Déterminer les endomorphismes \(f^p\) pour tout entier \(p\) supérieur ou égal à \(2\).

Solution détaillée
  1. On détermine une base de \(\textrm{Im}(f)\):

    On sait que l'image d'une application linéaire \(f\) définie sur un espace vectoriel est engendrée par les images par \(f\) des vecteurs d'une base de cet espace vectoriel.

    Soit \((e_1,e_2,e_3,e_4)\) la base canonique de \(\mathbb R^4\).

    \(\textrm{Im}(f)\) est donc le sous-espace engendré par la famille \(\{f(e_1), f(e_2), f(e_3), f(e_4)\}\).

    On détermine ces vecteurs :

    \(f(e_1)=f((1,0,0,0))=(2,-1,0,0)\),

    \(f(e_2)=f((0,1,0,0))=(4,-2,0,0)\),

    \(f(e_3)=f((0,0,1,0))=(0,0,-1,1)\),

    \(f(e_4)=f((0,0,0,1))=(0,0,-1,1)\).

    On remarque que \(f(e_2)2f(e_1)\) et que \(f(e_3)=f(e_4)\).

    La famille \(\{f(e_1), f(e_3)\}\) est donc une famille génératrice de \(\textrm{Im}(f)\), de plus elle est libre puisque \(f(e_1)\) et \(f(e_3)\) ne sont pas colinéaires.

    Donc \((f(e_1),f(e_3))\) est une base de \(\textrm{Im}(f)\), avec \(f(e_1)=(2,-1,0,0)\) et \(f(e_3)= (0,0,-1,1)\).

  2. On veut montrer que \(\textrm{Im}(f)=\textrm{Ker}(f)\).

    Montrons l'inclusion \(\textrm{Im}(f)\subset\textrm{Ker}(f)\): il suffit de vérifier que les vecteurs d'une base de \(\textrm{Im}(f)\) appartiennent à \(\textrm{Ker}(f)\). En calculant les images des vecteurs de la base trouvée précédemment, on trouve :

    \(f(f(e_1))=f((2,-1,0,0))=0\) et \(f(f(e_3))=f((0,0,-1,1))=0\)

    donc \(\textrm{Im}(f)\subset\textrm{Ker}(f)\).

    On pourrait vérifier ensuite que \(\textrm{Ker}(f)\) est contenu dans \(\textrm{Im}(f)\), mais il est plus simple de remarquer que \(\textrm{Im}(f)\) est de dimension \(2\) dans un espace de dimension \(4\), donc \(\textrm{Ker}(f)\) est aussi de dimension \(2\).

    On a donc \(\textrm{Im}(f)\subset\textrm{Ker}(f)\) et \(\dim\textrm{Im}(f)=\dim\textrm{Ker}(f)\), d'où \(\textrm{Im}(f)=\textrm{Ker}(f)\).

  3. De l'égalité \(\textrm{Im}(f)=\textrm{Ker}(f)\), on déduit \(f^2=0\).

    De plus \(\mathbb R^4\) est un \(\mathbb R\textrm{-espace}\) vectoriel de dimension \(2\times2\), et on a vu dans la question \(1.\)

    que la famille \(\{e_1,e_3\}\) est telle que la famille \(\{f(e_1), f(e_3)\}\) est libre.

    L'endomorphisme \(f\) vérifie bien les conditions \((i.)\) et \((ii.)\) de les parties \(4.\) et \(5.\).

  4. On a montré que \(f^2=0\). Cela entraîne que pour tout entier \(p\) supérieur ou égal à \(2\), on a \(f^p=0\).

    En effet cela se démontre par récurrence :

    La propriété \("f^p=0"\) est vraie pour \(p=2\).

    Supposons qu'il existe \(k\), \(k\ge 2\), tel que \(f^k=0\), alors \(f^k+1=f\circ f^k=f\circ 0=0\).

    Donc \(\forall p\ge 2, f^p=0\).

Question

On considère l'endomorphisme de \(\mathbb R^4\) défini par :

\(f :(x,y,z,t) \mapsto (2x+4y,-x-2y, -z-t,z+t)\)

On note \(g\) l'endomorphisme \(f+\textrm{Id}\)\(\textrm{Id}\) désigne l'application identique de \(\mathbb R^4\).

  1. Montrer que \(g\) est un automorphisme de \(\mathbb R^4\).

  2. Donner une expression simple de \(g^p\) et en déduire \(g^p((x,y,z,t))\), pour tout entier \(p\) supérieur ou égal à \(1\).

Aide simple
  1. Remarquer que l'espace vectoriel est de type fini.

  2. Remarquer que \(f \circ \textrm{Id}= \textrm{Id} \circ f=f\), pour pouvoir utiliser la "formule du binôme".

Solution détaillée

1. Soit \(g=f+\textrm{Id}\).

On veut montrer que \(g\) est bijectif. Puisque \(g\) est un endomorphisme d'un espace vectoriel de type fini, on a les équivalences suivantes :

\(g \textrm{ bijectif } \Leftrightarrow g \textrm{ injectif } \Leftrightarrow g \textrm{ surjectif }\)

Il suffit donc de démontrer que \(g\) est injectif, ce qui équivaut à \(\textrm{Ker}(g)=\{0\}\).

Déterminons \(\textrm{Ker}(g)\):

un vecteur \(v\) appartient à \(\textrm{Ker}(g)\) si et seulement si \(g(v)=(f+\textrm{Id})(v)=0\), or \((f+\textrm{Id})(v)=f(v)+v\)

donc \(v\) appartient à \(\textrm{Ker}(g)\) si et seulement si \(f(v)=-v\).

On applique \(f\) à cette égalité, on trouve \(f^2(v)=-f(v)\), et comme \(f(v)=-v\), on obtient \(f^2(v)=v\).

Or \(f^2=0\), donc \(v=0\). On a donc \(\textrm{Ker}(g)=\{0\}\), d'où \(g\) est bijectif.

Donc \(g\) est un automorphisme de \(\mathbb R^4\).

Remarque

Pour déterminer \(\textrm{Ker}(g)\), on peut aussi chercher les \(v=(x,y,z,t)\), vérifiant \(g((x,y,z,t))=(0,0,0,0)\) à l'aide de l'expression de \(f((x,y,z,t))\); cette méthode conduit à la résolution d'un système de quatre équations à quatre inconnues et est plus calculatoire et plus longue que la méthode donnée ici.

Calculons \(g^p\): on a \(g^p=(f+\textrm{Id})^p\).

Lorsqu'on a deux endomorphismes \(h\) et \(l\) d'un \(\mathbf K\textrm{-espace}\) vectoriel et qu'on veut calculer \((h+l)^p\), où \(p\) est un entier supérieur ou égal à \(2\), si les deux endomorphismes commutent, c'est-à-dire \(h\circ l= l\circ h\), on a le droit d'utiliser la "formule du binôme" :

\((h+l)^p=h^p+C_p^1 h^{p-1}\circ l+ ... + C_p^kh^{p-k}\circ l^k+...+l^p\)

(cette formule se démontre par récurrence sur \(p\))

Ici on a \(f\circ \textrm{Id}=\textrm{Id}\circ f=f\); de plus pour tout entier \(k\) \(k\ge 2\), \(f^k=0\) et \(\textrm{Id}^k=\textrm{Id}\).

Donc \((\textrm{Id}+f)^p=\textrm{Id}+C_p^1f+0\), c'est-à-dire \(g^p=\textrm{Id}+pf\).

On en déduit \(g^p((x,y,z,t))=((2p+1)x+4py, -px+(1-2p)y, (1-p)z-pt, pz+(1+p)t)\).

Remarque

En calculant directement \(g^2\), (\(g^2=(\textrm{Id}+f)\circ (\textrm{Id}+f)\)), puis \(g^3\), on peut remarquer que \(g^2=\textrm{Id}+2f\), et que \(g^3=\textrm{Id}+3f\) et ensuite montrer par récurrence que \(g^p=\textrm{Id}+pf\).