Formes quadratiques sur K2, admettant un vecteur non nul isotrope

Partie

Question

Soient \(E\) un espace vectoriel sur \(\mathbf K\) ( \(\mathbf K=\mathbf R\) ou \(\mathbf K=C\)) de dimension 2, \(q\) une forme quadratique sur \(E\) non nulle et \(f\) la forme bilinéaire symétrique associée à \(q\).

On suppose qu'il existe dans \(E\) un vecteur \(e\) non nul et isotrope pour \(q\).

  1. Premier cas : on suppose que la forme quadratique \(q\) est dégénérée.

    • a. Soit \(\mathcal N\) le noyau de \(q\).

      Montrer que la dimension de \(\mathcal N\) est 1, puis montrer l'égalité \(\mathcal N=\mathbf Ke\).

    • b. Soit \((e,e')\) une base de \(E\).

      Montrer que, pour tout \(x\) de \(E\), l'expression de \(q(x)\) en fonction des coordonnées de \(x\) dans la base \((e,e')\) s'écrit simplement.

  2. Deuxième cas : on suppose que la forme quadratique \(q\) est non dégénérée.

    • a. On note \((\mathbf Ke)^\perp\) l'orthogonal pour \(q\) du sous-espace vectoriel \(\mathbf Ke\).

      Montrer l'égalité : \((\mathbf Ke)^\perp=\mathbf Ke\).

    • b. Soit \(v\) un vecteur de \(E\) non colinéaire à \(e\).

      Déduire de a) que \(e\) et \(v\) ne sont pas orthogonaux pour \(q\).

    • c. Montrer qu'il existe dans \(E\) une base \((e,e'')\) telle que pour tout vecteur de \(E\), \(x=\alpha e+\beta e''\),\((\alpha,\beta)\in \mathbf K^2\), on ait \(q(x)=2\alpha\beta\).

  3. Déterminer, dans chacun des deux cas précédents, l'ensemble de tous les vecteurs de \(E\) isotropes pour \(q\).

Aide simple

1.a. Utiliser une démonstration par l'absurde pour montrer que la dimension de \(\mathcal N\) ne peut être ni 0 ni 2, puis pour montrer que tout élément du noyau de \(q\) est colinéaire à \(e\).

1.b. Remarquer que \(e\) et \(e'\) sont orthogonaux pour \(q\).

2.a. Comme la forme quadratique \(q\) est non dégénérée, pour tout sous-espace vectoriel \(F\) de \(E\), on a \(\dim F^\perp=\dim E-\dim F\).

2.c. Considérer un vecteur \(v\) quelconque non colinéaire à \(e\) et remarquer que \((e,v)\) est une base de \(E\), en distinguant les cas « \(v\) isotrope » et « \(v\) non isotrope ». Calculer alors \(e''\) en fonction de \(e\) et de \(v\).

3. Utiliser l'écriture de \(q(x)\) dans les bases trouvées.

Aide méthodologique

1.a. On pourra utiliser une démonstration par l'absurde.

2.a. On pourra déterminer la dimension de \((\mathbf Ke)^\perp\).

2.c. Déterminer les valeurs que doivent avoir \(f(e'',e'')\) et \(f(e,e'')\) pour caractériser le vecteur \(e''\).

Aide à la lecture

La dimension de l'espace vectoriel \(E\) est 2.

\(\mathcal N=\{x\in E/\forall y\in E, f(x,y)=0\}\)

On veut trouver des expressions simples de \(q(x)\) par rapport aux coordonnées de \(x\) dans une base.

Solution détaillée
    • a. Une forme quadratique est dégénérée si et seulement si son noyau n'est pas réduit au vecteur nul. Donc, puisque \(q\) est dégénérée, on a \(\dim\mathcal N\ge 1\).

      Si \(\dim\mathcal N=2\), alors on aurait \(\mathcal N=E\), par conséquent la forme bilinéaire symétrique \(f\) serait nulle, ce qui est contraire aux hypothèses.

      Donc \(\dim\mathcal N=1\).

      On montre \(\mathcal N=\mathbf Ke\):

      Puisque \(\dim\mathcal N=1\), il existe un vecteur \(u\) de \(E\) tel que \(\mathcal N=\mathbf Ku\).

      Si \(u\) n'était pas colinéaire à \(e\), \((e,u)\) serait une base de \(E\).

      Comme le vecteur \(u\) appartient à \(\mathcal N\), il est orthogonal à tout élément de \(E\), donc en particulier à lui-même (donc \(u\) est isotrope) et à \(e\).

      Or le vecteur \(e\) est lui aussi isotrope, donc la matrice de \(q\) dans la base \((e,u)\) serait nulle, ce qui est contraire à l'hypothèse « \(q\) non nulle ».

      Donc \(u\) est colinéaire à \(e\), et par conséquent

      \(\mathcal N=\mathbf Ke\).

    • b. Soit \((e,e')\) une base de \(E\).

      Soit \(x\) un vecteur de \(E\) et \(\alpha\), \(\beta\) ses coordonnées dans la base \((e,e')\): \(x=\alpha e+\beta e'\).

      On calcule \(q(x)\):

      \(\begin{array}{rcl}q(x)&=&f(\alpha e+\beta e', \alpha e+\beta e')\\&=& \alpha^2f(e,e)+\beta^2f(e',e')+2\alpha\beta f(e,e')\end{array}\).

      D'après la question précédente, \(e\) appartient au noyau de \(q\) donc \(e\) est isotrope (ce que l'on savait déjà par hypothèse) et \(e\) est orthogonal à tout vecteur de \(E\) donc en particulier à \(e'\): \(f(e,e)=f(e,e')=0\).

      Par conséquent \(q(x)=\beta^2f(e',e')\):

      Pour tout \(x=\alpha e+\beta e'\) appartenant à \(E\), \(q(x)=\beta^2f(e',e')\).

      • Remarque : la matrice de \(q\) dans la base \((e,e')\) est donc \(\left(\begin{array}{cc}0&0\\0&f(e',e')\end{array}\right)\)

      Comme la forme quadratique \(q\) n'est pas nulle, \(f(e',e')\) n'est pas nul, donc \(e'\) n'est pas isotrope, quelque soit \(e'\) choisi pour que \((e,e')\) soit une base de \(E\).

    • a. Comme \(e\) est isotrope pour \(q\), tout vecteur de la forme \(\alpha e\), \(\alpha\in \mathbf K\), est orthogonal à tout vecteur de la forme \(\lambda e\), \(\lambda \in\mathbf K\), donc appartient à \((\mathbf Ke)^\perp\).

      Donc \(\mathbf Ke\) est contenu dans \((\mathbf Ke)^\perp\).

      La forme quadratique \(q\) étant non dégénérée, on a la propriété suivante : \(\dim(\mathbf Ke)^\perp=\dim E-\dim \mathbf Ke\).

      Or \(\dim E=2\), d'où \(\dim (\mathbf Ke)^\perp=1\).

      Par conséquent :

      \((\mathbf Ke)^\perp=\mathbf Ke\).

    • b. Soit \(v\) un vecteur de \(E\) non colinéaire à \(e\).

      Si \(v\) était orthogonal à \(e\), il serait orthogonal à tout \(\lambda e\), \(\lambda\in \mathbf K\), donc il appartiendrait à \((\mathbf Ke)^\perp\). Or \((\mathbf Ke)^\perp=\mathbf Ke\). Donc \(v\) appartiendrait à \(\mathbf Ke\), ce qui est absurde car \(v\) n'est pas colinéaire à \(e\).

      Donc \(v\) n'est pas orthogonal à \(e\).

    • On cherche une base \((e,e'')\) telle que pour tout \(x=\alpha e+\beta e''\) de \(E\) on ait \(q(x)=2\alpha\beta\).

      Or en calculant \(q(x)\), on trouve :

      \(\begin{array}{rcl}q(x)&=&f(\alpha e+\beta e'', \alpha e+\beta e'')\\&=& \alpha^2f(e,e)+\beta^2f(e'',e'')+2\alpha\beta f(e,e'')\end{array}\)

      On a \(f(e,e)=0\), on cherche donc \(e''\) tel que \(f(e'',e'')=0\) et \(f(e,e'')=1\).

      Le vecteur \(e''\) doit donc être isotrope, non colinéaire à \(e\) et vérifier \(f(e,e'')=1\).

      Soit \(v\) un vecteur de \(E\) non colinéaire à \(e\).

      D'après 2.b), \(v\) n'est pas orthogonal à \(e\) donc \(f(e,v)\neq 0\).

      Il existe alors deux possibilités :

      • Soit \(v\) est isotrope.

        Dans ce cas, le vecteur \(e''\) défini par \(e''=\frac{1}{f(e,v)}v\) convient : il est isotrope, puisque \(v\) l'est, il vérifie \(f(e,e'')=1\) et il n'est pas colinéaire à \(e\).

        Donc \((e,e'')\) est une base qui correspond aux critères voulus :

        la base \((e,e'')\) est telle que pour tout \(x=\alpha e+\beta e''\), \((\alpha,\beta)\in \mathbf K^2\), on a \(q(x)=2\alpha\beta\).

      • Soit \(v\) n'est pas isotrope.

        On cherche, pour revenir à la situation précédente, un vecteur \(w\) isotrope non colinéaire à \(e\), alors le vecteur \(e''=\frac{1}{f(e,w)}w\) conviendra.

        Comme \((e,v)\) est une base, on peut chercher \(w\) sous la forme \(w=\lambda e+\mu v\), où \(\lambda\) et \(\mu\) sont des scalaires non nuls (sinon \(w\) serait soit colinéaire à \(v\), donc non isotrope, soit colinéaire à \(e\), ce qui est exclu).

        Or \(f(\lambda e+\mu v, \lambda e+\mu v)=\lambda^2f(e,e)+\mu^2f(v,v)+2\lambda\mu f(e,v)\).

        Comme on a \(f(e,e)=0\), \(f(v,v)\neq 0\) et \(f(e,v)\neq 0\), en choisissant par exemple \(\mu=1\) et \(\lambda=-\frac{f(v,v)}{2f(e,v)}\), on obtient \(f(\lambda e+\mu v, \lambda e+\mu v)=0\).

        Donc \(w=-\frac{f(v,v)}{2f(e,v)}e+v\) est un vecteur isotrope, non colinéaire à \(e\).

        Le vecteur \(e''\) défini par \(e''=\frac{1}{f(e,w)}\) vérifie les propriétés suivantes : il est isotrope, il est non colinéaire à \(e\) et \(f(e,e'')=1\).

        Donc \((e,e'')\) est une base qui correspond aux critères recherchés :

        la base \((e,e'')\) est telle que pour tout \(x=\alpha e+\beta e''\), \((\alpha,\beta)\in \mathbf K^2\), on a \(q(x)=2\alpha\beta\).

      Remarque : la matrice de \(q\) dans la base \((e,e'')\) est \(\left(\begin{array}{cc}0&1\\1&0\end{array}\right)\).

  1. Premier cas : lorsque la forme quadratique \(q\) est dégénérée, il existe une base \((e,e')\) telle que pour tout \(x=\alpha e+\beta e'\) de \(E\), \(q(x)=\beta^2 f(e',e')\).

    Donc l'ensemble des vecteurs de \(E\) isotropes pour \(q\) est l'ensemble des \(x=\alpha e+\beta e'\) tels que \(\beta=0\), c'est donc \(\mathbf Ke\).

    Deuxième cas : lorsque la forme quadratique \(q\) est non dégénérée, il existe une base \((e,e'')\) telle que pour tout \(x=\alpha e+\beta e''\) de \(E\), \(q(x)=2\alpha\beta\).

    D'où le vecteur \(x\) est isotrope si et seulement si \(\alpha=0\) ou \(\beta=0\).

    Donc l'ensemble des vecteurs de \(E\) isotropes pour \(q\) est \(\mathbf Ke \cup \mathbf Ke''\).