Dimension de sous-espaces vectoriels de R^4
Partie
Question
On considère les vecteurs de suivants :
\begin{array}{lll}a=(0,-2,1,0),&b=(2,-1,0,1)\\c=(4,0,-1,2),&d=(2,3,-2,1)\\u=(1,1,1,1),&v=(1,2,-3,0)\end{array}
et les trois sous-espaces vectoriels suivants :
F=\textrm{Vect }(\{a,b\}), G=\textrm{Vect }(\{c,d\}), H=\textrm{Vect }(\{u,v\})
Montrer que F et G sont égaux.
Les sous-espaces F et H sont-ils égaux ?
Quelle est la dimension de F+H ?
Les sous-espaces F et H sont-ils supplémentaires ?
En déduire la dimension de F\cap H.
Aide détaillée
Pour montrer qu'un sous-espace A est contenu ou non dans un sous-espace B, il suffit de vérifier qu'une partie génératrice de A est contenue ou non dans B.
Pour déterminer la dimension de F+H, étudier la dépendance linéaire de la famille de vecteurs \{a,b,u,v\} ; s'ils sont dépendants en extraire une partie libre maximale.
Aide méthodologique
Pour montrer que deux sous-espaces sont égaux, on peut montrer une inclusion et comparer les dimensions.
Pour déterminer la dimension de F+H, remarquer que la réunion des parties génératrices de F et de H est une partie génératrice de F+H ; pour la dimension de F\cap H, il suffit d'appliquer la relation qui lie les dimensions des différents sous-espaces considérés.
Aide à la lecture
Il s'agit de considérer trois sous-espaces vectoriels de \mathbb R^4 engendrés chacun par deux vecteurs non colinéaires.
Solution détaillée
On vérifie que G est contenu dans F, pour cela il suffit de vérifier que c et d sont dans F puisque G est le plus petit sous-espace vectoriel contenant c et d (on peut dire aussi que tout autre élément de G est une combinaison linéaire de c et d donc appartient à tout sous-espace vectoriel contenant c et d).
Le vecteur c=(4,0,-1,2) appartient à F si et seulement si il existe deux réels \alpha et \beta tels que c=\alpha a+\beta b, c'est-à-dire (4,0,-1,2)=\alpha(0,-2,1,0)+\beta(2,-1,0,1), ce qui équivaut à (4,0,-1,2)=(2\beta,-2\alpha-\beta,\alpha,\beta).
\alpha=-1 et \beta=2 vérifient bien cette égalité donc c appartient à F.
Le vecteur d=(2,3,-2,1) appartient à F si et seulement si il existe deux réels \alpha et \beta tels que d=\alpha a+\beta b, c'est-à-dire (2,3,-2,1)=\alpha(0,-2,1,0)+\beta(2,-1,0,1),
ce qui équivaut à (2,3,-2,1)=(2\beta,-2\alpha-\beta,\alpha,\beta).
\alpha=-2 et \beta=1 vérifient bien cette égalité donc c appartient à F.
Donc G est bien contenu dans F.
On étudie les dimensions de F et de G.
Les vecteurs a et b sont non colinéaires, donc (a,b) est une base de F ; de même (c,d) est une base de G, ceci prouve que F et G ont la même dimension (égale à 2), donc d'après le résultat suivant : "deux sous-espaces sont égaux si et seulement si l'un est contenu dans l'autre et leurs dimensions sont égales", on peut conclure que F et G sont égaux.
De même H est de dimension 2, il suffit donc de vérifier si H est contenu ou non dans F pour savoir si F et H sont égaux.
Le vecteur u=(1,1,1,1) appartient à F si et seulement si il existe deux réels \alpha et \beta tels que u=\alpha a+\beta b, c'est-à-dire (1,1,1,1)=\alpha(0,-2,1,0)+\beta(2,-1,0,1), ce qui équivaut à (1,1,1,1)=(2\beta,-2\alpha-\beta,\alpha,\beta).
L'égalité des premières et dernières composantes entraîne 2\beta=1 et \beta=1, ce qui est impossible, donc u n'appartient pas à F.
Les sous-espaces F et H ne sont pas égaux.
D'après le cours, la réunion d'une partie génératrice de F et d'une partie génératrice de H est une partie génératrice de F+H, F+H admet donc \{a,b,u,v\} comme partie génératrice. On cherche si cette partie est libre.
Chercher les quadruplets (\alpha,\beta,\gamma,\delta) de \mathbb R^4 qui vérifient l'égalité \alpha a+\beta b+\gamma u+\delta v=0, revient à résoudre un système (S).
Résolution de (S) :
Soient \alpha, \beta, \gamma et \delta quatre réels vérifiant l'égalité \alpha a+\beta b+\gamma u+\delta v=0, c'est-à-dire
\alpha(0,-2,1,0)+\beta(2,-1,0,1)+\gamma(1,1,1,1)+\delta(1,2,-3,0)=0
soit (2\beta+\gamma+\delta,-2\alpha-\beta+\gamma+2\delta,\alpha+\gamma-3\delta,\beta+\gamma)=(0,0,0,0)
Le quadruplet (\alpha,\beta,\gamma,\delta) est solution du système (S) suivant :
\left\{\begin{array}{rcrcrcrcl}&&2\beta&+&\gamma&+&\delta&=&0\\-2\alpha&-&\beta&+&\gamma&+&2\delta&=&0\\\alpha&&&+&\gamma&-&3\delta&=&0\\&&\beta&+&\gamma&&&=&0\end{array}\right.
équivalent à
\left\{\begin{array}{rcrcrcrcll}\alpha&&&+&\gamma&-&3\delta&=&0&L_1\leftarrow L_3\\-2\alpha&-&\beta&+&\gamma&+&2\delta&=&0&\\&&2\beta&+&\gamma&+&\delta&=&0&L_3\leftarrow L_1\\&&\beta&+&\gamma&&&=&0&\end{array}\right.
équivalent à
\left\{\begin{array}{rcrcrcrcll}\alpha&&&+&\gamma&-&3\delta&=&0&\\&-&\beta&+&3\gamma&-&4\delta&=&0&L_2\leftarrow L_2+2L_1\\&&2\beta&+&\gamma&+&\delta&=&0&\\&&\beta&+&\gamma&&&=&0&\end{array}\right.
équivalent à
\left\{\begin{array}{rcrcrcrcll}\alpha&&&+&\gamma&-&3\delta&=&0&\\&-&\beta&+&3\gamma&-&4\delta&=&0&\\&&&&7\gamma&-&7\delta&=&0&L_3\leftarrow L_3+2L_2\\&&&&4\gamma&-&4\delta&=&0&L_4\leftarrow L_4+L_2\end{array}\right.
D'où : \gamma=\delta, \beta=-\delta et \alpha=2\delta.
L'ensemble des solutions du système (S) est l'ensemble des quadruplets (2\delta,-\delta,\delta,\delta).
Les quadruplets (\alpha,\beta,\gamma,\delta) de \mathbb R^4 qui vérifient l'égalité \alpha a+\beta b+\gamma u+\delta v=0 sont ceux qui vérifient les conditions \alpha=2\delta, \beta=-\delta et \gamma=\delta.
En particulier pour \delta=1, on a la relation : 2a-b+u+v=0 ; la partie \{a,b,u,v\} n'est pas libre.
Il est immédiat de vérifier que la partie \{a,b,u\} est libre, en effet, chercher trois réels \alpha, \beta, \gamma vérifiant l'égalité \alpha a+\beta b+\gamma u=0 revient à chercher quatre réels \alpha, \beta, \gamma et \delta, avec \delta=0, vérifiant l'égalité \alpha a+\beta b+\gamma u+\delta v=0.
L'étude précédente montre que si \delta=0, cela entraîne \alpha=\beta=\gamma=0.
La partie \{a,b,u\} est donc une partie libre maximale extraite de la partie génératrice \{a,b,u,v\} de F+H, donc (a,b,u) est une base de F+H, ainsi \textrm{dim }(F+H)=3.
Puisque la dimension de \mathbb R^4 est 4, le sous-espace F+H n'est pas égal à \mathbb R^4, donc F et H ne sont pas des sous-espaces supplémentaires.
De plus la relation \textrm{dim }(F+H)=\textrm{dim }F+\textrm{dim }H-\textrm{dim }(F\cap H) entraîne : \textrm{dim }(F\cap H)=1.